<280>Je remercie V. M. de prendre toujours sous sa protection la majesté de Julien, qui était assurément une très-respectable majesté. malgré l'insolent Grégoire et l'impertinent Cyrille.
Je ne crois pas que lesa Velches veuillent faire sitôt parler d'eux; il faut avoir beaucoup d'argent comptant à perdre actuellement, pour s'amuser à ravager le monde; et ce n'est pas le cas de ces messieurs. Mais si jamais il arrivait malheur, je prendrais la liberté de vous recommander le sieur Morival, qui sert dans un de vos régiments, à Wésel. Je vous supplierais de l'envoyer en Picardie, dans Abbeville, pour y faire rouer les juges qui le condamnèrent, il y a six ans, lui et le chevalier de La Barre, à la question ordinaire et extraordinaire, à l'amputation de la main droite et de la langue, et à être jetés tout vifs dans les flammes, parce qu'ils n'avaient pas ôté leur chapeau devant une procession de capucins. Le chevalier de La Barre subit une partie de cette petite pénitence chrétienne; Morival, plus heureux, alla servir un roi qui n'immole personne à des capucins, qui n'arrache point la langue aux jeunes gens, et qui se sert mieux que personne de sa langue, de sa plume et de son épée.
Supposé que Thorn soit en votre puissance, j'ose vous demander justice de la sainte Vierge Marie, à laquelle on sacrifia tant de jeunes écoliers en l'année 1724. Cette bonne femme de Bethléem ne s'attendait pas qu'un jour on ferait tant de sacrifices à elle et à son fils. Le sang humain a coulé pour eux mille fois plus que pour les dieux païens, et vous voyez que l'auteur des notes sur les Lois de Minos a bien raison; mais rien n'est si dangereux chez les Velches que d'avoir raison.
Je veux espérer que le roi de Pologne finira son rôle comme Teucer le sien, et que le liberum veto, qui n'est que le cri de la guerre civile, sera aboli sous son règne. Je veux l'estimer assez pour croire qu'il est entièrement d'accord avec le protecteur de Julien. Je sais
a Nos Velches. (Variante de l'édition de Kehl. t. LXVI, p. 90.)