<291> des Turcs a, jusqu'à présent, empêché qu'il n'y eut de discorde entre les deux États, et qu'il faut qu'un souverain soit condamnable (à mort, s'il était particulier) pour qu'en conscience un autre souverain ait le droit de le détrôner. Lisez Pufendorf et Grotius, vous y ferez de belles découvertes.

Il y a cependant des guerres justes, quoique vous n'en admettiez point; celles qu'exige sa propre défense sont incontestablement de ce genre. J'avoue que la domination des Turcs est dure, et même barbare; je confesse que la Grèce surtout est de tous les pays de cette domination le plus à plaindre; mais souvenez-vous de l'injuste sentence de l'aréopagea contre Socrate, rappelez-vous la barbarie dont les Athéniens usèrent envers leurs amiraux, qui, ayant gagné une bataille navale, ne purent dans une tempête enterrer leurs morts.

Vous dites vous-même que c'est peut-être en punition de ces crimes qu'ils sont assujettis et avilis par des barbares. Est-ce à moi de les en délivrer? Sais-je si le terme posé à leur pénitence est fini, ou combien elle doit durer? Moi, qui ne suis que cendre et poussière, dois-je m'opposer aux arrêts de la Providence?

Que de raisons pour maintenir la paix dont nous jouissons! Il faudrait être insensé pour en troubler la durée. Vous me croyez épuisé par ce que je vous ai dit ci-dessus; ne le pensez pas. Une raison aussi valable que celle que je viens d'alléguer est qu'on est persuadé en Russie qu'il est contre la dignité de cet empire de faire usage des secours étrangers, lorsque les forces des Russes sont seules suffisantes pour terminer heureusement cette guerre.

Un léger échec qu'a reçu l'armée de Romanzoff ne peut entrer en aucune comparaison avec une suite de succès non interrompus qui ont signalé toutes les campagnes des Russes. Tant que cette armée se tiendra sur la rive gauche du Danube, elle n'a rien à craindre. La difficulté consiste à passer ce fleuve avec sûreté. Elle trouve à


a Ou plutôt du tribunal des héliastes.