<355>reur; et certainement j'irais vivre chez les quakers, en Pensylvanie, si la guerre était partout ailleurs.
Je ne sais si V. M. a vu un petit livre qu'on débite publiquement à Paris, intitulé Le Partage de la Pologne, en sept Dialogues entre le roi de Prusse, l'Impératrice-Reine et l'impératrice russe. On le dit traduit de l'anglais; il n'a pourtant point l'air d'une traduction. Le fond de cet ouvrage est sûrement composé par un de ces Polonais qui sont à Paris. Il y a beaucoup d'esprit, quelquefois de la finesse, et souvent des injures atroces. Ce serait bien le cas de faire paraître certain poëme épique que vous eûtes la bonté de m'envoyer il y a deux ans.a Si vous savez vaincre et vous arrondir, vous savez aussi vous moquer des gens mieux que personne. Le neveu de Constantin, qui a ri et qui a fait rire aux dépens des Césars, n'entendait pas la raillerie aussi bien que vous.
Je suis très-maltraité dans les sept Dialogues; je n'ai pas cent soixante mille hommes pour répondre; et V. M. me dira que je veux me mettre à l'abri sous votre égide. Mais, en vérité, je me tiens tout glorieux de souffrir pour votre cause.
Je fus attrapé comme un sot quand je crus bonnement, avant la guerre des Turcs, que l'impératrice de Russie s'entendait avec le roi de Pologne pour faire rendre justice aux dissidents, et pour établir seulement la liberté de conscience. Vous autres rois, vous nous en donnez bien à garder; vous êtes comme les dieux d'Homère, qui font servir les hommes à leurs desseins, sans que ces pauvres gens s'en doutent.
Quoi qu'il en soit, il y a des choses horribles dans ces sept Dialogues qui courent le monde.
A l'égard de d'Étallonde Morival, qui ne s'occupe à présent que de contrescarpes et de tranchées, je remercie V. M. de vouloir bien me le laisser encore quelque temps. Il n'en deviendra que meilleur
a La Guerre des confédérés; t. XIV, p. 211-271. Voyez ci-dessus, p. 231 et suivantes.