<201>Le billet de V. M., qui m'a été remis par son grand maréchal, a mis le comble à ma satisfaction; j'en ai été attendrie jusqu'aux larmes. Vous me promettez, Sire, de ne pas m'oublier, et vous me laissez espérer que les heureux moments que j'ai vécu chez vous ne sont point passés pour toujours. Il n'en fallait pas moins pour rendre mon départ supportable. Le nouveau motif de reconnaissance que V. M. ajoute, en m'accordant la liberté du prisonnier que j'avais osé demander, n'a rien coûté à la grande âme de Frédéric; c'est peu pour lui, et c'est beaucoup pour moi; j'y trouve une preuve réitérée de cette bonté, et puisqu'enfin vous me permettez, Sire, de me flatter de cette amitié qui m'est plus chère que tous les biens de la terre, veuillez, Sire, me la conserver. Mes plus beaux moments, à l'heure qu'il est, sont ceux où je me livre au souvenir de Potsdam, de Berlin, du grand monarque que j'y ai vu, que je ne cesserai d'admirer et d'honorer que quand je cesserai de vivre. Encore me flatté-je que des sentiments aussi vifs doivent survivre au tombeau. Mais puisqu'enfin je ne puis répondre que jusque-là, croyez au moins, Sire, que seul il peut être le terme de la haute estime et de la reconnaissance inexprimable avec lesquelles je suis, etc.

119. DE LA MÊME.

Dresde, 11 décembre 1769.



Sire,

Je vous rends mille et mille grâces d'avoir accordé à ce pauvre jeune homme de Pöllnitz la permission de venir me voir.a Je n'ai cessé de


a Voyez t. XX, p. v-vII, et p. 111, n° 40.