<209> capable de sentir, et c'est toujours quelque chose que de respecter le mérite éminent dans les personnes où le ciel s'est complu de le prodiguer.
Avec cette façon de penser, V. A. R. jugera facilement comment a pu être reçu quelqu'un chargé d'une lettre de sa part; aussi M. Keith a-t-il pensé être embrassé en arrivant. Nous ne nous sommes presque entretenus que de V. A. R.; ce sujet intarissable nous aurait menés si loin, que des jours, des mois et des années n'auraient pas suffi pour l'épuiser. J'ai beaucoup connu le père de ce M. Keith; c'était un des plus honnêtes hommes qu'il y ait, et pourvu d'une mémoire étonnante; je lui ai eu même des obligations personnelles. Que de raisons pour bien recevoir le fils!
Pour ce jeune baron auquel V. A. R. veut bien s'intéresser, il est depuis huit jours au lit, accablé de fluxions et de rhumatismes; il se prépare, madame, à vous renvoyer cet ouvrage merveilleux d'Arachné dont Minerve même aurait été jalouse, et dans lequel on ne saurait s'empêcher d'admirer votre goût, la finesse et l'élégance d'un ouvrage achevé.
V. A. R. s'intéresse avec tant de bonté à la convalescence de ma nièce de Hollande, que je ne saurais assez lui en marquer ma reconnaissance. Je vous avoue, madame, que j'ai été inquiet, et d'autant plus alarmé, que tout le monde m'avait assuré qu'elle avait déjà essuyé la cruelle maladie dont elle a été atteinte. Pour ma nièce de Prusse, je la crois enceinte, madame, par vos ordres; c'est votre présence qui a répandu la fécondité sur une maison prête à s'éteindre; vous avez, madame, présidé à un baptême, et vos bénédictions ont, d'un autre côté, fait concevoir. Ne vous étonnez pas si désormais nous vous invoquons comme Lucine, comme la mère de l'abondance et de la réparation du genre humain.
J'ai lu avec plaisir l'ouvrage du pauvre Gellert, que V. A. R. a eu la bonté de m'envoyer. Heureux les philosophes qui peuvent donner