<289> maison; une belle âme comme la vôtre n'a rien à lui dire; vous ne méritez, au lieu d'absolutions, que des louanges, et le confesseur ne peut qu'admirer sa pénitente, au lieu de la corriger. Je me figure les confessions de V. A. R. telles : J'ai soulagé des malheureux; j'ai dépensé mes revenus en bienfaits; j'ai pris la cause des opprimés; mon cœur est sans haine et sans envie; j'ai bien élevé mes enfants; j'aime Dieu et mes semblables; au lieu d'orgueil et de vanité, je ne sens qu'un penchant irrésistible à la bienfaisance; je suis douce envers ceux qui me servent, et sans fierté malgré mon illustre naissance; mes amusements sont ingénieux, mes plaisirs innocents; j'ai vu la mort sans la craindre, et, obéissante en tout aux lois suprêmes, je m'abandonne entièrement à leur direction.
Avouez-le, madame, il y a de quoi faire une sainte d'une telle âme, qui, dans ce tableau, est peinte d'après nature. Si V. A. R. l'approuve, je donnerai cette confession à tel jésuite qu'elle l'ordonnera, et je lui enverrai son approbation par écrit, car voilà tout ce qui lui reste à dire.
Mais je crains que V. A. R. ne me trouve bien impertinent d'oser ainsi sonder sans sa permission les plus secrets replis de son cœur, et d'oser publier des choses que son extrême modestie s'efforce de voiler. Je vous en demande mille pardons; mais ce qui est écrit le restera. Je suis persuadé d'avoir dit la vérité, et le caractère de la vérité est de briller au grand jour. Mettez, madame, des premières l'attachement, la considération et l'admiration avec laquelle je suis, etc.