<428> et Leibniz le calcul différentiel. V. M. a sans doute voulu dire que ces deux grands hommes ont moins bien raisonné que Bayle et Gassendi, en les envisageant seulement comme métaphysiciens; et en cela je suis absolument de son avis. Les deux premiers étaient des esprits créateurs, les deux autres des esprits excellents. Mais il n'est pas facile, ce me semble, de régler le rang entre ces deux espèces d'esprits; et je craindrais d'ailleurs que V. M. ne s'attirât de nouveau la France et l'Allemagne sur les bras, si elle paraissait trop rabaisser les héros de ces deux nations en philosophie. A l'égard de Malebranche, je l'abandonne à V. M.; je le crois à tous égards très-inférieur à Bayle et à Gassendi comme philosophe; il me semble même que c'était moins un grand philosophe qu'un excellent écrivain en philosophie. Il a bien démêlé les erreurs ordinaires des sens et de l'imagination, mais il y en a substitué d'autres; je n'ai jamais vu en lui qu'un assez bon démolisseur, mais un mauvais architecte.
J'abandonne aussi à V. M. les avocats, les prédicateurs, et tout ce qui leur ressemble; le bavardage du barreau me paraît insupportable, et les déclamations de la chaire bien ridicules.
V. M. sera bientôt ennuyée d'un autre bavardage, des éclaircissements qu'elle m'a demandés, et que je compte avoir l'honneur de lui envoyer incessamment. J'ai fait mon possible pour répondre à ses désirs. Si elle ne m'entend pas, ce ne sera pas sa faute, mais ou la mienne, ou celle de la matière.
Ce n'est pas la première fois qu'il est question du satellite de Vénus dont V. M. me fait l'honneur de me parler, et sûrement l'Académie de Berlin ne l'ignore pas. Dès 1645, un mathématicien napolitain, nommé Fontana, prétendit avoir observé quatre fois ce satellite; en 1672 et en 1686, Cassini assura aussi l'avoir vu; M. Short, de la Société royale de Londres, prétendit, en 1740, avoir eu le même avantage; enfin, il y a trois ans qu'en France plusieurs astronomes ont cru l'apercevoir; d'autres ont assuré en même temps qu'ils n'y voyaient