<439> à Paris. J'aime à ergoter contre les géomètres, pour expérimenter si, sans savoir kk plus b, on peut ne pas déraisonner.
Voici donc ce que je vous répondrais, si cette scène se passait en conversation : que depuis longtemps les climats sont considérés comme assez semblables, si on en excepte la ligne et le pôle; que ceux qui vivent dans la zone tempérée n'éprouvent qu'une légère différence de température de l'air. Il y a quelques lieux qui se distinguent, à la vérité, par un air malsain, comme Mantoue, Pesth en Hongrie, Ostende en Flandre; mais certainement l'air de Berlin n'a jamais passé pour malsain; il est même si favorable aux Français, que plusieurs réfugiés de cette nation sont morts après avoir passé quatre-vingt-dix ans, de sorte que le climat peut servir d'excuse honnête, mais non pas de raison. Votre second argument a quelque chose de plus plausible; il est dans l'ordre de la nature que je meure avant vous, et je ne puis pas vous garantir le contraire. Mais qui vous dit que je ne saurais mettre votre fortune à l'abri des caprices de la postérité? Cela se peut, et cela est très-faisable. Voilà ma réfutation; je la trouve victorieuse, je m'élève déjà un trophée pour avoir vaincu un grand géomètre, le tout en pure perte, parce que je n'ai pas le don de convaincre.
Mais parlons d'autres choses. Vous me demandez mon sentiment sur votre Histoire des jésuites; je vous avoue qu'il y reste quelque chose à désirer. Je m'attendais à voir en abrégé l'histoire de l'établissement de cet ordre, et surtout les règles de leur institut; je croyais y trouver les progrès que cet ordre a faits dans le monde, la politique qui a présidé à son établissement et à son extinction, les noms des plus célèbres de leur corps, comment la doctrine du régicide a pris naissance chez eux, les meurtres sacrés dont ils ont été les auteurs, leurs querelles avec les jansénistes, leur conduite en Portugal, et enfin ce qui a donné lieu à leur bannissement de France. Le plan que vous vous êtes proposé est différent de celui-ci. Vous