<450> perdu, et c'est dommage, parce qu'il y aurait eu de quoi remplir six volumes in-folio de mémoires chiffrés d'un bout à l'autre, et l'Europe sera vraisemblablement privée de l'agréable amusement que cette lecture lui aurait donné. Tandis que M. Euler tire vers le nord, mon neveu voyage vers le sud;a il trouve que la nation française est la plus civile et la plus galante de l'Europe; et, pour vous parler en votre style, ce prince trouve que votre politesse redouble pour les étrangers en raison inverse du carré des maux qu'on vous a faits.
Vous me parlez d'un Abrégé chronologique de l'Histoire de l'Église, que je ne connais point.b Je lis rarement des préfaces; cependant j'ai ouï dire que l'auteur de celle-là était aussi effronté qu'insolent, qu'il a eu l'impertinence de prouver par un factum que Jean le Blanc n'était que Jean-Farine.c
On dit qu'on est toujours en train de brûler les livres en France. C'est une ressource en cas de grand hiver; si le bois manque, les livres ne manqueront pas, pourvu qu'on ne brûle que l'écriture, et non les auteurs, ce qui deviendrait trop sérieux; et je me mettrais de mauvaise humeur, si l'on dressait des bûchers pour de certains philosophes auxquels je m'intéresserai toujours. Sur ce, etc.
a Voyez t. XXIII, p. 114.
b L. c., p. 113 et 129.
c Ce furent les comédiens qui imaginèrent les premiers en France de poudrer les cheveux; les personnages bouffons se saupoudraient la tête et le visage de farine, pour se donner un air plus risible; de là vient l'expression triviale de Jean-Farine. Dictionnaire des Proverbes français (par Pierre de la Mésangère). Seconde édition. A Paris, 1821, p. 240.