<452>Je compte, Sire, que M. de la Grange sera à Berlin vers le 15 d'octobre; son arrivée ne sera point retardée par un voyage très-court que des raisons d'amitié vraiment respectables l'obligent à faire à Londres, parce que M. de la Grange prendra le temps de ce voyage sur celui qu'il me destinait, et que V. M. lui avait permis de me donner, et parce que, d'ailleurs, le trajet de Londres à Berlin par mer sera beaucoup plus court, moins embarrassant et moins dispendieux que le voyage par terre de Paris à Berlin, que la difficulté des chemins, l'incommodité des voitures et l'ignorance de la langue auraient rendu long et difficile.
M. de la Grange m'a parlé, Sire, d'un autre excellent sujet dont il croit que V. M. pourrait faire aisément l'acquisition pour son service militaire, et même, comme par surcroît, pour son Académie. Il se nomme M. le chevalier Daviet de Foncenex, homme de condition et de beaucoup de mérite, surtout dans la partie de l'artillerie et du génie; M. de la Grange est persuadé qu'il serait propre à former en ce genre une excellente école. Il est actuellement sur mer, employé dans la marine du roi de Sardaigne, où il est peu satisfait de son traitement; il sera de retour au mois de novembre. V. M. pourrait s'informer de cet officier par quelqu'un des officiers piémontais qui sont à son service; car M. de la Grange ne voudrait pas lui écrire directement pour cet objet, par des raisons que V. M. comprendra facilement; mais il me paraît persuadé que V. M. ferait en M. de Foncenex une excellente acquisition.
Permettez-moi, Sire, de me féliciter d'avoir enfin pu donner à V. M. des marques de mon attachement et de mon zèle, en procurant à son Académie un sujet qui y sera bien plus utile que moi, et qui est destiné à lui faire le plus grand honneur par ses travaux et ses talents. Mon peu de santé a presque éteint le peu d'ardeur et de génie que la nature m'avait donnés, et il faut que je songe à faire retraite; mais ce qui ne s'éteindra jamais en moi, ce sont les senti-