<479>plissent ou non, il en résulte pour moi la consolation d'avoir un confrère de plus excommunié; cela est d'autant plus agréable, que cet événement se trouve le premier en ce genre qui arrive de mon temps.

J'ai vu une Épître où le pauvre Marmontel veut sauver une fille de théâtre pour ses charités; il paraît que les censures de la Sorbonne ne l'ont pas encore su corriger du vice horrible de la tolérance. Comme il veut sauver tout le monde, je me flatte qu'il fera un généreux effort en faveur du duc de Parme et de moi, de sorte qu'avec Marmontel, le duc de Parme, la danseuse et moi, nous irons droit en paradis, malgré la Sorbonne et le pape.

On dit que vous travaillez à augmenter l'édition de vos œuvres, et je m'en réjouis, parce que personne n'écrit d'un style aussi clair et aussi net que le vôtre sur des matières abstraites de géométrie.

On n'entend plus parler de Voltaire. Des lettres de la Suisse annoncent qu'il travaille à un ouvrage destiné pour l'impératrice de Russie; je ne sais ce que ce peut être. Il pourra composer un code de nouvelles lois pour les Polonais, Tartares ou Persans. Pour moi, j'ai eu différentes indispositions de suite qui m'ont fort incommodé; mais qui n'en a pas? On dit que c'est pour exercer notre patience. Je voudrais que votre santé ne fût pas dans le cas d'exposer plus longtemps votre patience à s'impatienter, et que votre corps, aussi sain que votre âme et votre esprit, ne fût point comme ces fourreaux qu'on dit que l'épée use; et si ce peut être une consolation pour vous, comptez qu'il y a ici des personnes qui s'intéressent sincèrement à votre conservation, ainsi qu'à tout ce qui peut vous être avantageux. Sur ce, etc.