<509> savoir lequel des deux était le meilleur, et qui furent brûlés tous deux, au grand ébahissement des spectateurs. Mais ce qui pourra divertir un moment V. M., c'est que le général des jésuites, dans une requête présentée au feu pape, m'a fait l'honneur de me citer comme une autorité non suspecte en faveur de son ordre, parce que j'ai dit quelque part que les jésuites sont les janissaires du saint-siége, nécessaires comme eux au soutien de l'empire.
J'ignore comment Voltaire sera avec le nouveau vicaire de Dieu en terre; il était, à ce qu'il prétend, vivement menacé d'excommunication par son prédécesseur. Il m'écrit qu'il a eu grand' peur d'être martyr, et que c'est pour cela qu'il s'est confessé, afin de rester tout au plus confesseur. Il vient de faire une petite brochure intitulée Paix perpétuelle, qui est une violente déclaration de guerre, ou continuation de guerre, contre ce que vous savez. Il dit que son évêque d'Annecy, qui s'intitule prince de Genève, est cousin germain de son maçon, et que c'est un prélat qui n'a pas le mortier liant.
Il me paraît, Sire, tout aussi impossible qu'à V. M. de croire qu'un vieillard de quatre-vingts ans meurt de chagrin ou d'apoplexie parce qu'on l'a appelé radoteur; mais j'ose assurer V. M. que ses Berlinois ont eu la bonté de le croire, et je n'en suis pas étonné, depuis que je sais de V. M. qu'ils ont été sur pied pendant deux nuits pour voir passer Vénus sur le soleil.
Heureusement, Sire, votre Académie des sciences ne ressemble pas au reste de la nation; ses Mémoires sont un excellent ouvrage, et prouvent que c'est une des sociétés savantes les mieux composées de l'Europe. Je ne parle pas seulement de M. de la Grange, dont le mérite est bien connu de V. M.; je parle entre autres de MM. Lambert et Béguelin, qui donnent tous deux d'excellents mémoires dans ce recueil, et qui me paraissent dignes des bontés dont V. M. a toujours honoré le mérite.
V. M. me donne rendez-vous à la vallée de Josaphat; il y a grande