<514> ce siècle-ci. Le prestige est détruit, et le misérable charlatan continue à crier sa drogue, que personne n'achète, tandis que des téméraires s'acharnent à renverser son théâtre. Je ne sais quel Anglais, après avoir tiré l'horoscope de la religion chrétienne, ayant calculé sa durée, en a fixé le terme à la fin de ce siècle. Je ne serais pas fâché de voir ce spectacle; toutefois il me semble que cela n'ira pas si vite, et que la hiérarchie soutiendra ses absurdités méprisées peut-être encore une couple de siècles, d'autant plus qu'elles sont appuyées par l'enthousiasme de la populace.

Ce que je viens de dire fait naître la question s'il se peut que le peuple se passe de fables dans un système religieux. Je ne le crois pas, à cause que ces animaux que l'école a daigné nommer raisonnables ont peu de raison. En effet, qu'est-ce que quelques professeurs éclairés, quelques académiciens sages, en comparaison d'un peuple immense qui forme un grand État? La voix de ces précepteurs du genre humain est peu entendue, et ne s'étend pas hors d'une sphère resserrée. Comment vaincre tant de préjugés sucés avec le lait de la nourrice? Comment lutter contre la coutume, qui est la raison des sots, et comment déraciner du cœur des hommes un germe de superstition que la nature y a mis, et que le sentiment de leur propre faiblesse y nourrit? Tout cela me fait croire qu'il n'y a rien à gagner sur cette belle espèce à deux pieds et sans plumes, qui probablement sera toujours le jouet des fripons qui voudront la tromper.

Pour notre Académie, sans être bien brillante, elle va doucement son chemin. L'approbation que vous donnez à quelques-uns de ses membres me les rend encore plus précieux. L'espérance que vous me donnez de faire un tour dans ces contrées me fait plus de plaisir qu'en auraient les juifs à la seconde apparition d'Élie. Je m'en tiens au présent; je ne connais point la carte où les Schoinsa placent la


a La copie de cette lettre que nous devons à la direction des Archives de Darmstadt porte très-distinctement Schoins, mot dont le sens nous est absolument inconnu.