<521> catholique de Berlin, et qu'il ne me hait pas, me regardant comme un des suppôts de sa garde prétorienne, qu'on veut le contraindre à licencier. Il se contente de disputer pied à pied les restes d'un crédit idéal qui lui fait craindre une banqueroute prochaine. Il se trouve dans le cas de votre contrôleur des finances; mais je parierais bien que la France, comme le plus ancien royaume de l'univers, aura le pas de la banqueroute, et que vos bourses se trouveront vides avant que le règne de la superstition soit aboli.
La question que vous proposez à notre Académie est d'une profonde philosophie. Vous voulez que nous scrutions la nature et la trempe de l'esprit humain, pour décider si l'homme est susceptible d'en croire plutôt le bon sens que son imagination. Selon mes faibles lumières, je pencherais pour l'imagination, parce que le système merveilleux séduit, et que l'homme est plus raisonneur que raisonnable. Je m'appuie, dans ce sentiment, sur l'expérience de tous les temps et de tous les âges. Vous ne trouverez aucun peuple dont la religion n'ait été un mélange de fables absurdes, et d'une morale nécessaire au maintien de la société. Chez les Égyptiens, chez les Juifs, chez les Perses, chez les Grecs et les Romains, c'est la Fable qui sert de base à la religion. Chez les peuples de l'Afrique, vous trouvez pareillement ce système merveilleux établi; et si vous ne rencontrez point la même démence dans les îles Mariannes, c'est que leurs habitants n'avaient du tout aucun culte. La nation qui paraît la moins imbue de superstition est sans contredit la chinoise. Mais si les grands suivirent la doctrine de Confucius, le peuple ne parut pas s'en accommoder; il reçut à bras ouverts les bonzes, qui le nourrirent d'impostures, aliment propre à la populace et adapté à sa grossièreté. Ces preuves que je viens d'alléguer sont prises des exemples que nous fournit l'histoire; il en est encore d'autres qui me paraissent plus fortes, prises de la condition des hommes et de l'empêchement qu'un ouvrage journalier et nécessaire met à ce que la multitude des habi-