<6> est de même de celle qu'il écrit à cet Italien.a C'est un tissu de mensonges. Il désavoue la Pucelle, quand, dans une autre lettre à l'Académie française de Paris, il s'en avoue l'auteur, et ne se plaint que des copies fautives qu'on a semées dans le public de son ouvrage. Il dit tout ce qu'il a retenu de son catéchisme; il fait le bon chrétien catholique, apostolique, lui qui m'a écrit cent lettres qui sentent le fagot, et qui respirent l'incrédulité. C'est un grand faquin. Je le dis à regret, c'est dommage qu'un aussi beau génie ait une âme aussi perverse, aussi basse et aussi lâche. Je l'abandonne à sa turpitude, et je ne me mêle plus de ses affaires. Il est bien humiliant pour l'espèce humaine que les qualités de l'esprit se trouvent si rarement réunies à celles du cœur. Je ne m'étonne pas que les anciens Persans aient imaginé leur Ahrimane et leur Ormuzd, et qu'ils se soient persuadé que nous tenons le bien de l'un et le mal de l'autre. Cette opinion n'est pas aussi folle qu'elle le paraît. Vous la pouvez discuter avec vos professeurs dans votre région latine. Ici, je ne vois que de la porcelaine d'un côté, et des misérables réduits à la mendicité de l'autre. Quel contraste! En vérité, il est temps que la paix se fasse, ou la famine et la peste vengeront l'humanité des fléaux et des tyrans qui la persécutent; les maladies se manifesteront à coup sûr, si cette tragédie continue, et elles emporteront agresseurs et défenseurs, amis et ennemis, qu'elles confondront dans la même tombe. Dieu nous en préserve, et fasse grâce à votre âme et à la mienne, au cas que nous en ayons une! Adieu.
a Le cardinal Quirini, à qui Voltaire avait dédié sa tragédie de Sémiramis. Voyez Œuvres de Voltaire, édit. Beuchot, t. V, p. 473 et 474; voyez aussi notre t. XXII, p. 254 et 255.