<630> prie V. M. de vouloir bien recevoir l'ouvrage qui est joint ici,a et dont il est l'auteur; et comme il connaît les bontés dont V. M. m'honore, il m'a prié de lui faire parvenir son livre et son profond respect.
Quintilien dit qu'on doit juger du progrès qu'on a fait dans l'éloquence, par le plaisir qu'on prend à la lecture de Cicéron.b Si on doit juger par une règle semblable des progrès qu'on a faits dans l'art militaire, j'ai lieu de croire, Sire, que M. de Guibert en a fait de grands, par l'admiration profonde dont il est pénétré pour le génie que V. M. a su porter dans cet art nécessaire et funeste. C'est au César de notre siècle à en juger. S'il juge l'ouvrage digne de quelque estime, l'auteur serait infiniment flatté du témoignage que César voudrait bien lui en donner; ce serait la plus noble récompense de son travail.
L'Académie des sciences de Paris a élu pour associé étranger M. de la Grange, comme j'ai eu l'honneur de l'annoncer à V. M.; il a dû l'unanimité des suffrages à son mérite supérieur, et en même temps à l'assurance que j'ai donnée à mes confrères qu'ils feraient une chose agréable à V. M., dont le nom est si cher et si précieux aux sciences par la protection qu'elle leur accorde et les lumières qu'elle y répand.
L'Europe espère, Sire, que V. M. ne se contentera pas de l'éclairer, qu'elle va encore la pacifier. Comme je ne doute point qu'elle n'ait une grande influence dans le traité entre la Porte et la Russie, je prends la liberté de lui recommander toujours un point que je ne cesse point d'avoir à cœur : c'est d'obtenir du sultan Mustapha la réédification du temple de Jérusalem, pour l'embarras de la Sorbonne et le menu plaisir de la philosophie. Mais ce que je désire encore plus, c'est que l'être, quel qu'il soit, qui préside à l'univers con-
a Essai général de tactique. A Londres (Paris) 1787. Le même auteur a fait un excellent Éloge de Frédéric.
b Quintilien, De institutione oratorio, liv. X, chap. 1, §. 112.