<637> et une habileté dont toute l'Europe parle en ce moment avec admiration?
Je ne doute point que Mustapha ne fasse le mieux du monde de se conformer aux sentiments pacifiques que V. M. lui a inspirés, nouvelle preuve qu'elle n'aime pas la guerre plus que moi. Mais je ne serai point content que V. M. ne lui ait fait dire au moins un petit mot du temple de Jérusalem. Cette réédification, Sire, est ma folie, comme la destruction de la religion chrétienne est celle du Patriarche de Ferney. Je sais bien que si la Sorbonne voyait ce temple debout, elle trouverait moyen d'éluder la prophétie; elle a répondu, Dieu merci, à des objections tout aussi pressantes. Mais j'ai cependant encore assez bonne opinion d'elle pour présumer que, au moins dans les premiers moments de l'objection, elle aurait quelque petit embarras; et je désirerais fort que Mustapha eût l'esprit de lui jouer ce petit tour de page; après quoi nous irions à la messe comme à l'ordinaire, en riant seulement un peu plus de ceux qui la diraient.
Je ne sais si V. M. osera faire part aux Russes, ses chers alliés, d'un petit malheur qui vient d'arriver, aux eaux de Spa, à quelqu'un de leurs compatriotes. Il avait, dit-on, passé quelques mois à Paris, où il avait appris à s'habiller avec élégance. Il a donc fait faire un habit du vert le plus élégant du monde; un cheval qui l'a vu habillé de la sorte a pris le tout pour une botte de foin, et l'a mordu si vivement à l'épaule, que le pauvre habillé de vert en est sérieusement malade. Je crois que l'infanterie russe est habillée de vert; cet événement, Sire, ne serait-il pas une bonne raison pour lui faire changer d'uniforme?
Hélas! Sire, je ris, et je n'en ai pas trop d'envie; car si les chevaux de Spa prennent les Russes pour des bottes de foin bonnes au moins à manger, les inquisiteurs de France prennent les philosophes pour des bottes de foin qui ne sont bonnes qu'à brûler. Je suis dégoûté d'écrire, et malgré le peu de cas que V. M. fait de la géométrie, je