<715> des ouvrages de cette espèce, celui de n'exagérer rien, et de ne point passer les bornes de la justice et de la vérité. Je l'ai lue et relue, Sire, avec le plus grand plaisir; je la relirai encore; c'est à V. M. qu'il appartient de donner à ses pareils de si utiles leçons. Je suis ravi de la bonne opinion que V. M. paraît avoir de notre jeune roi; il la justifie tous les jours par de nouveaux actes de justice et de bienfaisance. Je ne l'approcherai vraisemblablement jamais, et sûrement je n'aurai jamais rien à lui demander; mais je fais des vœux pour sa conservation, et je ne puis m'empêcher de remarquer combien il est heureux pour l'humanité que, de toute la maison de Bourbon, les deux princes les plus dignes du trône soient précisément les deux qui l'occupent aujourd'hui, le roi de France et le roi d'Espagne. Comme notre roi a le cœur droit et vertueux, on ne craint pour lui ni la séduction des flatteurs, ni celle des fripons; on ne craint que celle des hypocrites qui pourraient prendre le masque de la vertu; mais heureusement ces hypocrites ont si maladroitement montré ce qu'ils sont par la conduite scandaleuse qu'ils ont eue dans la maladie du feu roi, qu'on est persuadé que le jeune prince les a bien connus, et ne tombera pas dans leurs filets. Rien n'égale l'indignation de toute la France contre les instituteurs qui ont élevé ce monarque avec une négligence dont il se plaint lui-même. On espère au moins qu'il ne leur donnera pas sa confiance.
Nous attendons un pape, et nous espérons qu'il ne laissera de jésuites que dans les États de V. M., puisqu'elle veut bien les y souffrir. Je ne suis point étonné que V. M. ne croie pas à l'empoisonnement du pauvre pontife; elle ne pourrait garder un moment de si habiles apothicaires. Mais toutes les nouvelles d'Italie sont si positives et si bien circonstanciées à ce sujet, qu'il n'est pas possible d'en douter. V. M. me fait l'honneur de me demander si je crois cette petite fille inspirée. Je me flatte qu'elle me connaît assez pour ne pas me soup-