<87> question, on eût évité les occasions de concurrence, comme on avait fait jusqu'ici. Mais dès que les envoyés de têtes couronnées, se joignant pour faire cause commune, ont demandé hautement et de droit la préséance sur nos ministres d'État, quoique ci-devant ils eussent notoirement cédé aux feux comtes de Brühl et de Wackerbarth, on n'a pu se dispenser de leur déclarer que ni la dignité de la cour, ni les usages le plus universellement reçus, ne permettent d'accorder aux ministres du second ordre un rang qui est réservé aux ambassadeurs. V. M. porte dans ses titres la dignité électorale; vous ne voudrez point l'avilir, après avoir concouru aux capitulations qui lui assurent les honneurs royaux. Je dois croire que les rapports faits à V. M. ont été aigris et envenimés : il me revient, par exemple, que l'on nous accuse d'avoir expressément attendu le départ du comte de Sternberg pour faire prendre à nos ministres d'État le pas sur les envoyés. Daignez m'en croire, Sire, nous n'avons jamais eu cette pensée. On a mêlé dans le récit de cette malheureuse affaire des circonstances ou mal fondées, ou interprétées avec aigreur. J'y reconnais une manœuvre qui m'en veut à moi-même; on cherche à noircir des personnes qui me sont attachées, et dont je juge les services utiles à l'État. Soyez persuadé, Sire, que je ne donne et ne donnerai jamais ma confiance à aucun ministre, si je ne le vois imbu de principes sages et modérés, et par conséquent dans la ferme intention de travailler de tout son pouvoir au maintien d'un bon voisinage avec les États de V. M. Telle est, Sire, ma façon de penser, aussi invariable que les sentiments de la plus haute considération avec lesquels j'ai l'honneur d'être, etc.