<V>lettres de Frédéric. Quant aux quatre-vingt-seize autres lettres de ce prince, copiées et collationnées soigneusement sur les autographes, la direction des Archives royales de Dresde (Königlich Sächsisches Haupt-Staats-Archiv) a bien voulu en enrichir noire édition monumentale des Œuvres de Frédéric; et nous avons reçu ce généreux présent avec d'autant plus de gratitude, qu'il rehausse infiniment la valeur de cette précieuse collection, qui forme le pendant le plus piquant à la correspondance avec la duchesse Louise-Dorothée de Saxe-Gotha, t. XVIII, p. 187 à 294.
L'orthographe des lettres de Frédéric à l'électrice de Saxe mérite quelques observations. De tous les manuscrits de ses lettres que nous connaissons, ceux-ci sont les plus faibles à ce point de vue, tandis que les autographes de ses lettres familières à ses amis intimes offrent relativement peu de fautes.a Nous présumons que plus le Roi est obligé de réfléchir à l'objet même de sa correspondance, plus son orthographe est défectueuse. Or, l'Électrice aimant à traiter dans ses lettres des matières diplomatiques, Frédéric était obligé de méditer les siennes avec soin, ce qui détournait son attention des menus détails de la forme. Les pensées y sont, en revanche, très-nettement exprimées; il ne dit que ce qu'il veut dire, rien de plus, rien de moins. Du reste, on remarque des différences analogues, dans ses Poésies, entre les pièces graves et de longue haleine, où le fond le préoccupait davantage, et les vers légèrement jetés sur le papier, dans lesquels rien ne l'empêchait de donner tous ses soins à l'expression.
a Voyez, par exemple, le fac-simile de la lettre de Frédéric au marquis d'Argens, joint à notre dix-neuvième volume.