24. AU MÊME.
(Silberberg, février 1779.)
J'ai reçu les livres que vous m'avez envoyés, dont j'avais grand besoin, parce que j'avais épuisé ce qui restait dans ma petite provision, et que je lis presque toute la journée. Nos démonstrations, qui ne sont ni algébriques, ni géométriques, ont produit que l'ennemi vient d'abandonner Braunau, et le comté de Glatz à l'exception de Reinerz et de Lewin. On a fait cinquante prisonniers, dont deux officiers. Je n'entends rien aux aurores boréales,28-a et j'y ajoute autant de foi qu'aux comètes. Élève de Bayle, j'ai l'esprit tranquille à l'égard de ces superstitions, mais non pas sur la bonne foi de la cour de Vienne. C'est sa réponse qu'il faut attendre, et qui terminera nos incertitudes.<29> Je préférerais de beaucoup la fièvre tierce à l'état où je suis depuis si longtemps; car si on a la fièvre, on lui oppose du quinquina; mais qu'opposer à la friponnerie, à la supercherie, à la mauvaise foi d'un ministre? La potence; mais on ne fait pas pendre qui l'on veut. Il n'y a que dame Thérèse qui puisse condamner un Kaunitz à l'échafaud; car s'il m'arrive de battre ces gueux de soldats qu'on m'oppose, et d'en tuer par centaines, le b..... de ministre n'en tient aucun compte. Mes compliments à ma petite.29-a Adieu; soignez-vous, et tâchez de vous guérir radicalement. Vale.
28-a On avait écrit au Roi sur une aurore boréale, comme présageant de bonnes choses pour Sa Majesté. (Note de la main de M. de Catt.)
29-a La levrette Alcmène.