178. A L'ÉLECTRICE MARIE-ANTONIE DE SAXE.
Potsdam, 25 février 1774.
Madame ma sœur,
Quoique je participe avec Votre Altesse Royale à tout ce qui peut lui arriver d'agréable, la goutte que j'ai eue aux deux mains m'a empêché de la féliciter plus tôt du mariage de la princesse sa fille avec le prince de Deux-Ponts. Je souhaite, madame, que vous jouissiez d'une satisfaction parfaite de ces nouveaux liens que vous venez de former, et que vous ayez, à l'exemple des patriarches dont vous avez imité la noble simplicité dans ces noces, la consolation de voir une<295> longue postérité, issue de ce mariage, qui vous donne les noms de grand' mère et de bisaïeule, et qui s'élèveront comme des vignes à l'entour de votre table, selon l'expression de ces mêmes patriarches ou prophètes,295-a que je prends pour synonymes. V. A. R. badine en me faisant des excuses qu'elle demande mon concours avec la maison impériale pour l'abbaye d'Essen, que postule la princesse Cunégonde; vu, madame, l'empire que vous avez sur moi, vos demandes sont des ordres auxquels je ne sais qu'obéir. La princesse Cunégonde vous aura l'obligation de me les avoir donnés; et je me trouverai heureux, si, dans cette occasion comme en d'autres, je puis vous convaincre de la haute estime et de l'admiration avec laquelle je suis, etc.
295-a Psaume CXXVII, v. 3, selon la Vulgate. (Psaume CXXVIII, selon la traduction de Luther.)