[M. de Hertzberg à Frédéric, Sans-Souci, 8 novembre 1780]
Le Roi composa dans la suite l'écrit connu sous le titre : De la littérature allemande, etc.378-b Il fit venir M. de Hertzberg, au mois de novembre 1780, à Sans-<379>Souci, et après lui avoir lu ce mémoire, il le chargea de le faire imprimer en français. M. le comte, trouvant la critique de Sa Majesté sur la langue allemande trop sévère, s'efforça de justifier celle-ci de bouche, et envoya au Roi la traduction d'un passage plus difficile encore de Tacite (Annales, XIV, 53 et 54), avec la lettre suivante :
Sans-Souci, 8 novembre 1780.
Ne suis-je pas trop hardi, Sire, de présenter encore à Votre Majesté un petit essai de traduction d'un passage des Annales de Tacite? C'est la harangue par laquelle Sénèque essaye de rendre ses biens à Néron. J'ai tâché d'en faire une traduction aussi pure et aussi serrée que possible, d'après l'original latin. J'y ai comparé ensuite la traduction d'Amelot de la Houssaye, qui me paraît être une paraphrase entièrement francisée, sans que le traducteur ait partout compris le véritable sens du latin. Il est sûr, et je m'en aperçois encore plus par les observations très-justes que V. M. a daigné me faire lire, que la langue allemande a encore grand besoin d'être épurée et enrichie; et je suis persuadé que les règles que V. M. lui prépare contribueront plus que toute autre chose à former cette langue, et à encourager la nation d'y travailler.
378-b Voyez t. VII, p. 103-140. Frédéric touche le même sujet dans sa lettre à Voltaire, du 6 juillet 1737 (t. XXI, p. 85-88).