6. DU MÊME.
Paris, 11 mars 1760.
Sire,
J'ai trop bonne opinion de ma patrie pour imaginer qu'elle me fasse un crime de la reconnaissance; mais, dût-il m'en arriver des malheurs que je ne dois ni prévoir, ni craindre, je cède à un sentiment plus fort que moi. Je supplie donc V. M. de recevoir mes très-humbles et très-respectueux remercîments pour la belle Épître dont elle vient de m'honorer.408-a Mon amour-propre, Sire, en est si flatté, et à si juste titre, que mes éloges doivent être suspects; cependant, ma vanité mise à part, il ne me paraît pas possible d'exprimer avec plus de force et de noblesse des vérités importantes au genre humain, et malheureusement trop peu connues de ceux qui devraient en être les plus puissants défenseurs.
Les circonstances présentes, et mon respect pour les occupations de V. M., ne me permettent pas de lui en dire davantage. Puissions-nous, Sire, pour le repos de l'humanité et pour le bien de la philosophie, qui a si grand besoin de vous, jouir bientôt de cette paix si désirée! Elle me procurera le seul bonheur que je souhaite, celui d'aller mettre aux pieds de V. M. ma profonde vénération et mon attachement inviolable. Cette prose, Sire, ne vaut pas les vers de V. M.; mais les sentiments qu'elle exprime sont simples et vrais comme elle.
Je suis avec le plus profond respect, etc.
408-a Voyez t. XII, p. 147-150.