<113> curé a fait de l'enterrer, quoiqu'il eût déclaré par écrit qu'il mourait catholique, et que s'il avait scandalisé l'Église, il lui en demandait pardon; son enterrement fait à trente lieues de Paris, par une espèce d'escamotage, dans l'abbaye de son neveu; les reproches et les menaces qu'on a faites au malheureux moine, prieur de cette abbaye, qui s'est défendu par une lettre que ses supérieurs mêmes ont jugée sans réplique; le refus qu'on fait à l'Académie française de faire, suivant l'usage, un service pour lui; enfin, la joie bête et ridicule de tous les fanatiques au sujet de cette mort. Toutes ces infamies nous déshonoreraient aux yeux de l'Europe et de la postérité, si l'Europe et la postérité pouvaient ignorer qu'elles ne sont point l'ouvrage de la nation, mais de la partie honteuse de la nation, malheureusement accréditée.
Je suis pénétré de la plus vive reconnaissance de toutes les bontés que V. M. a bien voulu témoigner à M. le vicomte d'Houdetot, qui n'a pu malheureusement en profiter comme il l'aurait désiré. Sa femme est accouchée depuis son départ, et toute la famille a donné à l'enfant le nom de Frédéric, qui est l'expression de sa reconnaissance, quoique V. M. ait rendu ce nom bien difficile à porter.
Je crains, en renouvelant à V. M. l'expression de tous les sentiments que je lui dois, d'abuser de ces instants si précieux à sa gloire, au grand objet dont elle est occupée, au bien de l'Allemagne, de l'Europe et de l'humanité. Quand elle sera un peu plus libre, j'aurai l'honneur de lui écrire plus au long, et de donner un libre cours aux témoignages de l'admiration et de la vénération tendre et profonde avec laquelle je serai toute ma vie, etc.