<150> Ces sortes d'assertions doivent être réfutées pour le bien de la société. Enfin, pour me justifier pleinement, je dois ajouter qu'ici, en Allemagne, on met tous les ouvrages que des songe-creux produisent en France sur le compte des encyclopédistes; je parlais au public, j'ai donc dû me servir de son langage; car j'espère que NOUS aurez assez bonne opinion de moi pour croire que je ne confonds pas les d'Alembert avec les Diderot, avec les Jean-Jacques, et avec les soi-disant philosophes qui sont la honte de la littérature. J'accepte avec plaisir l'espérance que vous me donnez de revoir Anaxagoras avant de mourir; mais je vous avertis qu'il n'y a pas de temps à perdre. Ma mémoire se perd, mes cheveux blanchissent, et mon feu s'éteint; et bientôt il ne restera plus rien du soi-disant Philosophe de Sans-Souci.a Vous n'en serez pas reçu avec moins d'empressement, charmé de pouvoir vous marquer mon estime.
Sur ce, etc.
212. DE D'ALEMBERT.
Paris, 27 décembre 1779.
Sire,
Je commence, comme je le dois, cette lettre et la réponse que je dois à V. M. par l'objet qui m'intéresse le plus vivement, par les vœux ardents que je fais pour elle, pour sa gloire, pour son bonheur, pour sa conservation et pour une santé si précieuse à ses peuples, à l'Europe dont elle assure le repos, et, si j'ose me nommer, à moi, qui lui
a Voyez t. XVIII, p. 166 et 176; t. XIX, p. 105 et 425; et t. XXIII, p. 155, 289, 298, 331, 407 et 453.