<159> qui est auteur d'une relation très-curieuse et très-bien écrite de la catastrophe de Pierre III, s'occupe depuis plusieurs années d'une histoire de la révolution de Pologne et du partage de ce pays. Comme il a surtout à cœur de dire la vérité, et par conséquent d'exprimer dans cet ouvrage les justes sentiments d'admiration dont il est pénétré pour V. M., il m'a prié, Sire, de vous demander s'il n'y aurait point d'indiscrétion à témoigner à V. M. le désir qu'il aurait qu'elle voulût bien lui procurer sur cet important événement des mémoires dont il sentirait tout le prix, et dont il ferait le plus intéressant usage, en se soumettant d'ailleurs aux conditions que V. M. pourrait exiger. Il attend, Sire, avec la plus grande impatience ce que V. M. voudra bien me répondre à ce sujet.
Je suis avec les sentiments profonds et tendres de respect, d'admiration et de reconnaissance que je vous ai voués depuis près de quarante ans, etc.
215. A D'ALEMBERT.
Le 26 mars 1780.
Il faut que les mauvais chemins aient retardé l'arrivée des postes; il n'y a ni pirates ni capres sur terre ferme entre nous et Paris, de sorte que l'interruption de notre correspondance ne peut s'attribuer qu'à la débâcle des rivières et à la crue des eaux, qui ont gâté les routes. Votre lettre également doit avoir été trois semaines en chemin; elle n'en a pas été moins bien reçue; les belles dames gagnent à se faire attendre. A l'égard de ma santé, vous devez présumer naturellement que, parvenu à soixante-huit ans, je me ressens des infirmités de l'âge.