<217> comme dit Rabelais, me garder curieusement. Ce que j'aime encore mieux, Sire, de cet excellent sermon, c'est qu'il me prouve que V. M. est très-gaie, et par conséquent très-bien portante. Elle n'a pas besoin d'assurer qu'elle n'a pas de vapeurs, on le voit bien à cette charmante et excellente lettre. Il est temps, Sire, de finir la mienne, qui n'est pas digne de la vôtre.
Je suis avec la plus tendre et la plus profonde vénération, etc.
Le 30 juillet, dix heures.
P. S. J'apprends, au départ de la poste, que l'Empereur est arrivé hier à Paris. Il a fait quelques courses dans la ville, et de là il est allé à cinq heures du soir à Versailles, où on lui prépare des opéras, comédies, ballets, parades, etc., etc., dont je crois qu'il ne se soucie guère. On dit que tout ce plaisir ou cet ennui durera peu, et qu'il repartira vendredi pour Vienne. On ajoute qu'il ne verra que la famille royale, M. de Maurepas et M. de Vergennes. Si c'était pour négocier la paix, il viendrait ici faire une bonne œuvre, car nous en avons grand besoin, à la façon dont nous faisons la guerre. Heureusement nos ennemis ne la font pas mieux que nous. Je me souviens toujours du mot de Fontenelle, qui disait : « On ne parle en temps de guerre que de l'équilibre de puissance en Europe; il y a un autre équilibre aussi efficace pour le moins, et aussi propre à conserver chaque puissance : c'est l'équilibre de sottise. »
Oserais-je faire une supplication à V. M., qui la rendrait chère et respectable à toute notre jeunesse étudiante, comme elle l'est à tout ce qui a fini ou n'a point fait ses études? Le jeune écolier de quatorze ans qui l'a louée en beaux vers latins est, à ce qu'on vient de m'assurer, dans la plus extrême indigence; il ignore absolument, ainsi que ceux qui prennent intérêt à lui, ce que j'ai l'honneur d'écrire en ce moment à V. M., qui par conséquent est bien à son aise pour