<274> viennent de présenter une requête au Roi contre les souscripteurs de la nouvelle édition qu'on prépare de Voltaire; cette requête est bien adressée, car le Roi est un des souscripteurs. On ne sait si l'on doit rire ou être indigné de cette plate sottise.
L'ouvrage de l'abbé de Raynal, fût-il aussi bon qu'il peut l'être, sur la révocation de l'édit de Nantes viendra trop tard pour la France. Elle ne recouvrerait pas, quand elle le voudrait, tout ce qu'elle a perdu par cette absurde et funeste révocation; je crains bien même que cet ouvrage ne lui épargne pas de nouvelles sottises en ce genre, si l'occasion se présente d'en faire quelques-unes; car corrige-t-on les hommes, et surtout les nations, avec des livres?
Je crois bien, Sire, qu'on fait chez vous des banqueroutes comme ailleurs; mais on n'en fait pas d'aussi monstrueuses, d'aussi atroces, d'aussi impudentes, d'aussi scandaleuses que celle du prince qu'on n'appelle plus ici Rohan-Guémené, mais .. - .... Je le répète, Sire, toute la France crie qu'il aurait été puni chez vous exemplairement; il ne l'est ici que par la perte de ses places, qu'il était impossible de lui laisser. Mille familles peut-être sont à l'aumône par cette banqueroute, qu'on fait monter à près de quarante millions, tant en France qu'en pays étranger; elles crient en vain; le crédit du .. et des siens est plus fort que leurs cris.
Nous allons, Sire, entrer dans une nouvelle année, qui est la quarante-troisième de votre glorieux règne, et la trente-septième des bontés dont V. M. m'honore. Puissent vos sujets, Sire, conserver encore quarante années un pareil monarque, et puissent vos bontés me consoler encore, non pas quarante ans, mais jusqu'à la fin de ma vie! Puissiez-vous jouir encore longtemps de la gloire que vous avez acquise, et du repos que vous avez si bien acheté!
Je suis avec la plus tendre vénération, etc.
P. S. Un homme de lettres estimable, M. de Villars, me prie de