<353>

APPENDICE.

INSTRUCTION SECRÈTE POUR LE COMTE DE FINCK.a BERLIN, 10 JANVIER 1757.

Dans la situation critique où se trouvent nos affaires, je dois vous donner mes ordres pour que, dans tous les cas malheureux qui sont dans la possibilité des événements, vous soyez autorisé aux partis qu'il faut prendre. 1o S'il arrivait (de quoi le ciel préserve!) qu'une de mes armées en Saxe fût totalement battue, ou bien que les Français chassassent les Hanovriens de leur pays, et s'y établissent, et nous menaçassent d'une invasion dans la Vieille-Marche, ou que les Russes pénétrassent par la Nouvelle-Marche, il faut sauver la famille royale, les principaux dicastères, les ministres, et le directoire. Si nous sommes battus en Saxe du côté de Leipzig, le lieu le plus propre pour le transport de la famille et du trésor est à Cüstrin; il faut, en ce cas, que la famille royale et tous ci-dessus nommés aillent, escortés de toute la garnison, à Cüstrin. Si les Russes entraient par la Nouvelle-


a Cette Instruction secrète, copiée sur l'autographe, et imprimée selon nos principes, rappelle les autres dispositions testamentaires de Frédéric, par exemple, celles du 10 août 1758 (t. IV, p. 295 et 296) et du 8 janvier 1769 (t. VI, p. 243-248). Deux autres ordres pareils, l'un, du 22 août 1758, à ses généraux, et l'autre, du 12 août 1759, au lieutenant-général de Finck, seront imprimés, le premier à la suite de la correspondance du Roi avec le prince Henri, et le second parmi la correspondance en langue allemande. L'Instruction secrète rappelle aussi les lettres et les poésies que Frédéric écrivit après la bataille de Kolin, dans lesquelles il faisait allusion à sa résolution de mourir, s'il le fallait, et dont nous avons cité plusieurs dans notre t. XXIII, p. 16. Enfin, on peut consulter la correspondance du Roi avec son frère le prince Henri, à partir de la lettre du 19 novembre 1757.