<37>quise d'Argens, qui me paraît pénétrée de douleur du mécontentement que lui a, dit-elle, marqué V. M. de ce que le mausolée de son mari est à Aix, et non pas à Toulon. Elle me mande que l'évêque de Toulon n'a pas voulu que ce monument fût érigé dans son diocèse, quoique la manière dont est mort le marquis, muni des sacrements de l'Eglise romaine, ait dû calmer les scrupules des âmes les plus timorées. Sa veuve n'aurait pu, ce me semble, opposer de résistance à cette vexation sans avoir contre elle toute la horde des pénitents bleus, blancs, rouges, etc., dont ce malheureux pays est inondé, et sans compromettre en quelque sorte V. M. vis-à-vis des prêtres provençaux, qui ne valent pas mieux que les autres, et qui, grâce à leur soleil, sont encore plus près de la folie et des sottises.
Nos évêques viennent de demander au Roi que les enfants des protestants soient déclarés bâtards, et que les vœux monastiques puissent se l'aire à seize ans. Voilà des demandes bien dignes de nos évêques. Le Roi y a répondu avec sagesse, et toute la nation espère que ce prince se rendra sur ces deux points aux vœux que tous les bons citoyens font depuis longtemps, qu'on accorde à tous les Français, sans distinction, l'état civil, et qu'on ne puisse pas disposer de sa liberté à un âge où on ne peut pas disposer de son bien.
On nous annonce de grandes réformes dans l'état militaire, et surtout dans la maison du Roi, qui était jusqu'ici un objet de grande dépense, sans aucune utilité. Les intéressés, qui sont en grand nombre, jettent déjà les hauts cris; mais la nation bénit le prince et son ministre.
Recevez, Sire, avec votre bonté ordinaire les vœux que je lais pour V. M. dans l'année qui va commencer. Puisse-t-elle y en ajouter encore beaucoup d'autres, et recevoir longtemps l'hommage des sentiments de respect, de reconnaissance et d'admiration avec lesquels je suis, etc.