<380> colonel russe que je suis, je ne regarderai jamais Berlin comme une auberge de passage pour Pétersbourg; mais si jamais le Seigneur me ramène dans le sanctuaire de Potsdam ou de Sans-Souci, j'entonnerai aux pieds de V. M. le cantique de Siméon l'archimandrite : Nunc dimittis servum tuum, etc.
Je suis avec le plus profond respect, etc.
8. DU MÊME.
Le 24 janvier 1782.
Sire,
Votre Majesté a daigné jeter trop d'éclat sur mon voyage de Spa; c'est pourquoi il a plu au Père céleste de me traiter comme un de ses enfants chéris, c'est-à-dire, de me châtier tout de suite, avant que le démon de la superbe pût entrer dans mon cœur et le corrompre. Après mon voyage de Spa, célébré par la première d'entre les têtes ceintes de laurier, j'ai fait une course obscure en Allemagne, et à mon retour à Paris, vers la fin du mois d'octobre, j'ai trouvé une lettre charmante et inestimable de cette première tête. Je m'apprêtais, Sire, à y répondre et à porter aux pieds de V. M. l'hommage de ma reconnaissance, lorsque je suis tombé malade. Il est vrai que, n'ayant plus de médecins depuis la mort du grand Tronchin,a j'ai évité, à force de me bien conduire, une maladie très-sérieuse, parce que j'ai eu la patience d'attendre la crise de la nature; mais aussi je ne suis pas encore totalement rétabli, et il s'en faut bien que je puisse chan-
a Théodore Tronchin, né à Genève en 1709, mourut à Paris le 30 novembre 1781. Voyez t. XXIII, p. 25, 32, 46, 52, 59, 66, 103 et 118.