<414> lui ont mérité l'estime générale; mais son goût dominant pour l'érudition l'a conduit à entreprendre un grand ouvrage sur les théogonies anciennes, sur l'origine des constellations, et il ne peut continuer ce travail et le publier, sans offenser des gens qui ont encore ici quelque crédit. Ce n'est pas qu'il veuille attaquer directement les choses établies; mais les conséquences qui résultent de ses discussions ne peuvent pas toujours se concilier avec les idées communes. Il n'a pu même, en voilant ces conséquences, au hasard d'affaiblir le mérite de son travail, éviter de déplaire à une partie des membres de notre Académie des belles-lettres, qui ont voulu l'engager à faire sa profession de foi sur l'antiquité du monde. Dans cette position cruelle pour un homme sage, mais honnête et ferme, il accepterait avec reconnaissance une place dans votre Académie, et une chaire dans votre école militaire. Un seul obstacle l'arrête : il serait dans dix-huit mois ce qu'on appelle émérite, et aurait une retraite assurée de quatorze cents livres de notre monnaie; au lieu qu'en quittant aujourd'hui il perdrait dix-huit ans de sa vie employés dans l'espérance de cette retraite. Mais V. M. pourrait aplanir cet obstacle. Les professeurs qui voyagent par ordre du Roi peuvent conserver leur titre, en se faisant remplacer; et si V. M. paraissait y prendre quelque intérêt, cet ordre ne serait pas difficile à obtenir. Par là elle acquerrait un très-bon professeur de grammaire, un académicien d'une érudition très-distinguée, et qui a su y porter de l'esprit et une philosophie très-rare parmi cette classe de savants. Je pourrais proposer à V. M. d'autres hommes de mérite, mais aucun qui fût du même ordre. D'ailleurs, une longue habitude d'enseigner, et une conduite exempte de reproches dans un corps où ses opinions et son mérite lui ont fait des ennemis et des jaloux, semblent des avantages que bien peu d'hommes de lettres auraient au même degré.
M. Beauzée, dont V. M. m'a fait l'honneur de me parler, est âgé, assez dévot, très-flatté de siéger à l'Académie française, et, quoique