<424> bien. Il est à la fois disciple de Locke et disciple des anciens, et joindra à la justesse et à la précision de l'analyse moderne cette vigueur de principes qui nous plaît tant encore dans la philosophie morale des Grecs et des Romains. Je ne me consolerais point du malheur d'avoir mal répondu à la confiance de V. M. la première fois qu'elle m'en a honoré.
Nous venons de perdre M. Watelet, de l'Académie française et de celle de V. M. Il était le dépositaire des lettres qu'elle a écrites à M. d'Alembert, et il n'a fait aucune disposition. Elles seront vraisemblablement remises à M. le duc de Nivernois. J'ai cru, par respect pour V. M. et par intérêt pour la mémoire de M. d'Alembert, devoir l'instruire de ces détails, et veiller autant qu'il est en moi sur ce dépôt précieux pour les lettres, la philosophie et l'humanité, jusqu'à ce que V. M. ait daigné faire connaître ses intentions sur cet objet.
Je suis avec le plus profond respect, etc.
13. AU MARQUIS DE CONDORCET.
Potsdam, 6 février 1786.
Je vous ai beaucoup d'obligation de ce que vous voulez avoir soin que cette correspondance que j'ai eue avec feu M. d'Alembert ne paraisse pas. Mes lettres ne méritent que d'être vouées à Vulcain; elles ne sont ni amusantes ni intéressantes pour le public. On est d'ailleurs déjà assez surchargé dans ce siècle, plus abondant en mauvais ouvrages qu'en bons écrits, sans y ajouter encore les miens. Vous m'avez rendu un vrai service en me procurant un puriste et un autre professeur pour l'Académie militaire; ces jeunes gens attendent avec