<429>pression; car il m'eût été désagréable de voir courir dans le public des lettres qui n'étaient pas faites pour lui. Il n'appartient qu'aux quarante plumes dépositaires de la pureté du langage français de vous donner des chefs-d'œuvre en tous les genres, qui méritent l'honneur de l'impression.
Je ne sais ce que deviennent les deux professeurs pour mon école militaire; ces jeunes gens sont trop longtemps sans instruction, pendant que je suis convenu de leurs doubles pensions, frais de voyage, etc Je ne comprends donc pas ce qui peut les arrêter, et j'avoue qu'un plus long retard pourrait nuire à l'idée que je m'étais faite d'eux; mais cela ne diminue en rien les obligations que je vous ai, et je sens tout le prix des peines que vous avez eues dans cette affaire. Sur ce, etc.
18. DU MARQUIS DE CONDORCET. (1786.)
Sire,
La bonté avec laquelle Votre Majesté a daigné recevoir l'Éloge de M. d'Alembert me fait espérer qu'elle voudra bien me pardonner la liberté que je prends de lui présenter un exemplaire du même ouvrage.
J'y ai moins cherché à célébrer les vertus et le génie de mon ami qu'à les faire connaître. Il était devenu depuis quelques années l'objet de la haine d'une foule de petites cabales. Il avait pour ennemis tous ceux qui savaient ou qui croyaient qu'il n'était pas de leur avis sur quelqu'un des objets qui produisent des disputes parmi les hommes, depuis la religion jusqu'à la musique; et ces ennemis étaient parve-