<467> pas besoin de le chercher fort loin. Si je ne craignais de blesser sa modestie, je vous le nommerais; mais, cela étant, je me contenterai de vous en rapporter quelques traits qui, j'espère, vous le feront connaître.
Cet homme a de tout temps été attaché à des cours différentes, où, sans adopter les vices, il a conservé sa vertu et son intégrité; sans donner dans la bassesse de superstitions vulgaires, il a de la religion dirigée par le bon sens et la raison : fidèle aux maîtres qu'il a servis, il a toujours captivé leur bienveillance; il s'est poussé auprès du dernier jusqu'à un poste très-éminent, et s'est acquitté des devoirs de sa charge avec toute la dignité qu'elle exigeait de lui; irréprochable en tout, et dans le milieu du cours triomphant de ses prospérités, il renonce à la cour, il prévoit les orages, méprise les grandeurs, connaissant leur peu de solidité, et préfère une vie tranquille et laborieuse à l'éclat éblouissant du faste et des honneurs. Ce n'est pas tout; cette résolution, prise après une mûre délibération, est exécutée avec fermeté, et jusqu'à présent il jouit du repos et des douceurs d'une vie privée, mettant à profit les jours que la Parque lui file, et goûtant un bonheur solide dans une sage et heureuse oisiveté, digne récompense du généreux mépris qu'il fait du monde.
Épris d'admiration de ses vertus, et incapable de penser à autre chose, je renvoie les deux autres points de ma lettre à une autre fois. J'espère, mon cher Quinze-Vingt, que vous reconnaîtrez à ce tableau, que je ne viens de tracer que d'un faible crayon, une personne que j'estime, et non sans fondement, comme vous le voyez par la description que j'en fais; et, dussiez-vous en rougir, je ne saurais m'empêcher de vous dire que vous méritez de toute façon que je sois à jamais, etc.