<473> de vertu morale. L'une, c'est qu'il fil de nécessité vertu, et que pour mériter le titre de vertueux, il est nécessaire que l'action qui le doit mériter dépende absolument du bon plaisir de celui qui la fait. L'autre, c'est que la religion me semble avoir plus de part à ce qu'il fit dans cette occasion qu'aucune vertu morale, et que de mettre ce qu'il fit sur le compte de celle-ci me semblerait déroger à la gloire du Tout-Puissant, qui l'a apparemment dirigé et inspiré dans les souffrances auxquelles ce saint homme voulut bien s'exposer pour l'amour de la vérité. Les martyrologes des catholiques contiennent mille exemples pareils; mais je doute que V. A. R. ajoute beaucoup de foi aux récits magnifiques qu'ils en font, ou qu'elle les croie tout à fait exempts de fanatisme.
4o L'exemple du roi de France qui ne voulut pas se souvenir des injures qu'il avait essuyées comme duc d'Orléans marquait une grandeur d'âme très-digne d'éloges, s'il était bien avéré que la politique n'y eût pas eu autant de part que sa générosité; mais, après tout, je n'y vois rien de si fort extraordinaire, que tout autre homme magnanime, fût-ce même un païen, n'en eût pu faire tout autant. Nostradamus m'assure que la divinité du Quinze-Vingt ferait la même chose, si elle se trouvait dans le même cas.
5o La résignation de Comines est sans doute fort édifiante et chrétienne; mais, j'ose le répéter, c'est par là même qu'elle doit être mise sur le registre de la religion, et non sur celui de la morale.
6o J'ai feuilleté longtemps un abrégé de l'histoire de France que j'ai, pour trouver dans les articles de Charles V et de Charles VI (dont le dernier, naturellement hébété, passa les deux tiers de son règne dans une folie déclarée), pour trouver l'aventure de Bureau de La Rivière. J'y ai trouvé un Rivière sous Charles VI; mais, quoiqu'il y soit aussi fait mention de Clisson, qui était connétable, mon auteur ne parle pas de l'aventure en question. C'est pourquoi, ne la consi-