<48> genre par ses lumières et par ses écrits, et digne de la protection de V. M. par ses sentiments et par sa sage conduite.
V. M. me tranquillise beaucoup en m'assurant que les coups qui se frappent en Amérique ne viendront pas jusqu'en Europe, et surtout jusqu'en France. Mon refrain est celui de l'Évangile : Paix sur la terre aux hommes;a je n'ajoute pas même de bonne volonté, car je craindrais que la paix ne fût pour un trop petit nombre.
Je suis avec le plus profond respect et la plus tendre reconnaissance, etc.
170. A D'ALEMBERT.
Le 16 mai 1776.
J'ignore ce qui se débite à Paris au sujet de ma maladie, et je me trouve glorieux d'être dans le cas des Anglais, dont on exagère les pertes, tandis qu'ils n'en ont point fait de considérables. Ma santé est celle d'un vieillard qui a essuyé dix-huit accès de goutte, et qui ne recouvre pas ses forces aussi vite qu'un jeune homme de dix-huit ans; mais on me fera mourir par allégorie, comme on me fait écrire en style de charretier des lettres où l'on me prête des idées que jamais je n'ai eues. Je vous suis obligé d'avoir donné un démenti au compilateur de ces bêtises, qui a voulu les mettre sur mon compte. Pour moi, je pourrais demander que le gouvernement fît des recherches contre l'auteur de cette imposture; mais je n'aime point à me venger, et ce n'est pas cette sorte d'athlètes qu'il me convient de combattre. Je lis les Réflexions de l'empereur Marc-Antonin, qui m'enseigne que
a Saint Luc, chap. II, v. 14.