<482>suadant que je m'intéresse de cœur et d'âme à tout ce qui la regarde, et qu'il n'y eut jamais d'attachement aussi dévotement respectueux que celui avec lequel je me glorifie d'être, etc.

16. AU COMTE DE MANTEUFFEL.

Ruppin, 27 mars 1736.



Mon cher Quinze-Vingt,

Je vois bien qu'il faut céder, et, après avoir plaidé une cause qui certainement était bonne, je prépare le triomphe au paganisme. Permettez-moi cependant pour la dernière fois de vous faire remarquer que nous ne nous sommes aucunement bien compris tous deux dans notre dispute; car, en tant que vous parlez de la morale païenne, et que vous voulez lui comparer la nôtre sans y mêler la religion, voilà qui est fini, et vous avez raison. Mais si vous me concédez de parler de religion, et que je vous fasse envisager la morale chrétienne comme émanée de Dieu, législateur infiniment préférable à Solon, à Lycurgue, et à tous les sages de l'antiquité, et que Notre-Seigneur, en pratiquant la magnifique morale qu'il enseigne, nous sert en même temps et d'exemple, et de règle, je ne crois pas que vous puissiez faire la moindre opposition à mon système, à moins que de saper les fondements de toute la foi que l'on doit aux auteurs sacrés et anciens. Je sais que vous ne pensez pas de cette façon; mais si quelqu'un me faisait des doutes sur la véracité de la vie sainte et sans tache de Notre-Seigneur, on pourrait lui répondre que l'on n'est pas non plus obligé de croire l'histoire de Socrate, qui nous est transmise par la même voie, savoir, par les historiens qui nous ont conservé leurs vies.

Ne croyez pas non plus, monsieur, qu'une religion mal entendue