<519> en dit n'est pas satire, mais pour la plupart pure vérité. Les Polonais n'aiment pas autrement ces deux nations, et je crois qu'ils se seraient fort passés de cet amour de la justice qui a porté Sa Majesté Czarienne et Son Altesse Sérénissime à les subjuguer. Les Saxons, selon eux, font les tranquilles ménades;a mais les Russiens font les maîtres, à telles enseignes que la cour de Pétersbourg doit actuellement être plus nombreuse en Polonais que celle de Varsovie. Le grand A...... ne serait-il pas à peu près dans le cas de Théodore Ier, roi de Corse? Ma foi, ma plume m'échappe, et si elle en dit trop, prenez-vous-en à la liberté polonaise, qui, chassée de son pays, cherche son asile où elle le trouve; ma plume peut-être, en ce moment, a profité de son émigration, et à moins que la liberté ne rentre en son pays, je crains fort de ne pouvoir m'en défaire. C'est cependant avec ce même caractère de liberté et de vérité que je vous réitère les assurances de la parfaite estime avec laquelle je suis à jamais, etc.
24. DU COMTE DE MANTEUFFEL.
Berlin, 24 juillet 1736.
Monseigneur,
Je ne m'étais pas proposé d'importuner encore aujourd'hui Votre Altesse Royale; mais M. de Grumbkow venant de m'adresser la lettre qu'elle a daigné m'écrire le 17 du courant, je profite d'un petit quart d'heure qu'il me reste d'ici au départ de l'ordinaire pour vous embrasser les genoux, monseigneur, de ce que tous ces fruits de la paisible Bellone et de la foudroyante Thémis ne vous ont pas fait oublier
a Voyez Boileau, Satire X, v. 393.