<535> parce qu'ils sentaient ordinairement trop la satire, et ne faisaient que lui attirer des ennemis.
V. A. R. m'ayant fait dernièrement la grâce de m'instruire de la distribution de son loisir à Rheinsberg, il est juste qu'à mon tour je lui rende compte d'une occupation que je me suis donnée depuis une couple de jours. J'ai lu le dixième tome de l'Histoire ancienne de Rollin. Mais, ce qui ne se pardonne guère qu'à un Quinze-Vingt, j'ai commencé cette lecture à rebours, c'est-à-dire, par le dernier livre du volume. La raison qui me porta à ce quiproquo, c'est que, ayant trouvé, en ouvrant le livre, que ce morceau final avait pour titre : Des arts et des sciences, je fus curieux de voir comment l'auteur avait pu placer cette espèce de dissertation dans un cours d'histoire, et, mêlant mis à en lire l'Avant-propos, j'y trouvai tant de goût, que je ne pus m'empêcher de pousser jusqu'au bout. Il est vrai que l'auteur ne traite, dans ce que j'en ai vu, que des avantages qu'un État tire de l'agriculture et du commerce, ce qu'il prouve par quantité d'exemples de l'histoire ancienne; mais il promet, en finissant le tome, d'en faire autant du reste des arts et des sciences dans le tome suivant, qui sera, dit-on, le dernier de toute son Histoire. Quoi qu'il en soit, ce fragment m'a paru si intéressant et si instructif, que j'aurais envoyé tout ce tome à V. A. R., si je n'avais lieu de croire qu'il doit déjà se trouver dans sa bibliothèque.
La fin de ma feuille m'avertit qu'il est temps de finir cette lettre en assurant derechef V. A. R. que ma dévotion pour elle ne finira qu'avec la vie de son, etc.