<118> de mon régiment; c'est un mariage sensé, et je crois qu'il sera accompagné de tout le bonheur que je leur souhaite.
Nos opéras-comiques commenceront cette semaine; les acteurs doivent arriver incessamment. Je vous embrasse mille fois, mon cher frère, vous assurant de la parfaite tendresse avec laquelle je suis. etc.
23. AU MÊME.
Sans-Souci, 19 juin 1748.
Mon très-cher frère,
Je vous envoie enfin un ouvragea que je vous ai promis depuis longtemps; ce sont les fruits de nos campagnes et de mes réflexions. Je l'ai travaillé avec toute l'application dont je suis capable, et je trouverai mes peines richement récompensées, si je puis me flatter que ce livre vous sera utile un jour. Ce n'est pas moi, mon cher frère, qui y parle, mais c'est l'expérience que d'habiles généraux ont eue, ce sont les maximes que pratiquèrent toujours les Turenne, les Eugène et le prince d'Anhalt, et que j'ai suivies quelquefois, lorsque je me suis conduit prudemment. Si vous trouvez que j'exige beaucoup d'un général, c'est qu'il est toujours bon de viser à la perfection, et de demander beaucoup pour obtenir quelque chose. Je sais d'ailleurs aussi bien qu'un autre que le caractère d'imperfection qui nous est imprimé à tous nous empêche d'atteindre à la grandeur du tableau que je vous présente; mais il n'en est pas moins sûr que, en élevant sans cesse l'esprit à des choses parfaites, si ce n'est pas le moyen de les égaler, c'est du moins celui de devenir modeste. J'ai traité toutes les grandes parties de la guerre; il n'en est aucune que j'aie omise, et
a Le manuscrit des Principes généraux de la guerre.