<126> parvient à adoucir une douleur trop vive qui dégraderait l'homme, s'il s'y abandonnait en lâche. Mais, malgré tous nos efforts, il faut avoir quelque indulgence pour la vivacité des premiers moments, et penser que les faiblesses d'un cœur sensible sont préférables à l'inhumaine dureté des stoïciens.

Ne pensez pas qu'aux folies du chevalier Folard j'aie ajouté les miennes; je n'ai fait que choisir encore quelques morceaux intéressants que Seers avait peut-être oublié de tirer de son ouvrage, et je les ai fait joindre aux autres; de sorte que, avec ce petit abrégé, on peut porter tout le bon sens du chevalier Folard dans sa poche, et je crois même qu'il peut à présent devenir utile à nos militaires avides de s'instruire.a C'est à quoi je pense sans cesse, et je voudrais bien qu'on ne pût me faire aucun reproche sur la discipline de l'armée, sur son entretien, sur l'instruction des officiers, et sur tous les arrangements préliminaires à une guerre que mes facultés me permettent de prendre en temps de paix. Cela fait, j'attendrai tranquillement les événements, et, s'il faut dégaîner, on nous trouvera au moins préparés et en état de soutenir la réputation du nom prussien. Je suis, etc.

33. AU MÊME.

(Potsdam) ce 18 (mai 1753).



Mon cher frère,

Je suis charmé de ce que vous voulez être du voyage de Prusse. Il est très-nécessaire que vous connaissiez et voyiez un pays que vous


a Frédéric parle de son Extrait tiré des Commentaires du chevalier Folard sur l'Histoire de Polybe. Quant à M. de Seers, voyez t. IV, p. 179.