100. AU MÊME.
Strehlen, 16 novembre 1761.
Mon très-cher frère,
J'ai reçu votre lettre du 11 de ce mois, sur laquelle j'ai la satisfaction de vous dire que Platen pourra être parti hier ou aujourd'hui pour la Saxe. Il doit y passer l'hiver avec tout son corps; il serait presque impossible de le nourrir ici; mais comme j'ai perdu ici tout cet automne, trop faible pour entreprendre, et ayant été obligé de faire de grands détachements en Poméranie, il faut rouvrir ici, l'année prochaine, une campagne précoce, pour ravoir Schweidnitz. Loudon tient encore le poste de Kunzendorf; quand même je l'en chasserais, en courant les plus grands hasards, avant que Platen arrive ici, il n'y aura plus moyen de faire des siéges. Nos peines seraient donc perdues. J'envoie par cette raison Platen en Saxe. Il faudra que vous tâchiez de resserrer les ennemis près de Dresde autant que vous le pourrez, car plus nous occuperons de pays, plus nous aurons de subsistances, de recrues et d'argent, trois choses sans lesquelles on ne fait pas la guerre. J'enverrai Flescha là-bas, avec toutes les instructions, au commissariat. Le prince de Würtemberg et la villeb sont sauvés pour cette année. On m'écrit que Buturlin et Fermor sont partis; reste Berg et Romanzoff. Il faut espérer qu'ils ne s'arrêteront pas plus longtemps, et qu'au moins l'on pourra respirer quelques mois. Chi ha tempo ha vita.
a Conseiller de guerre.
b Colberg.