118. DU PRINCE HENRI.
Hoff, 18 avril 1762.
Mon très-cher frère,
Agréez les représentations que je vous fais encore sur le même sujet pour lequel vous n'avez pas daigné me répondre. Ma sensibilité est trop grande pour me voir priver sans émotion de la faveur de votre amitié dans un temps où j'en ai tant besoin. Croyez-vous qu'on renonce au commandement d'une armée sans de bonnes raisons? Et qu'aurai-je de mieux pendant toute ma vie? Quelle carrière ai-je devant moi, quel agrément, quel bonheur à espérer? Rien. La médiocrité sera mon partage; il dépendra de vous d'adoucir mon sort par vos bontés, et de vous souvenir que j'ai tout fait pour les mériter. C'est du moins l'unique chose qui me restera, de laquelle je pourrai tirer ma gloire aux yeux du monde entier. Je suis, etc.
119. AU PRINCE HENRI.
Breslau, 21 avril 1762.
Mon très-cher frère,
La lettre que vous venez de me faire, du 18, me fait bien de la peine. Personne ne connaît mieux que vous la situation où je me trouve actuellement encore. Dans d'autres moments, je ne serais point contraire à vos désirs, conformément à mon inclination et à la tendresse que j'ai pour vous; mais dans les circonstances présentes, pleines d'embarras pour moi, vous les augmentez encore. Représentez-vous,