<338> son départ avec impatience. Pour moi, je paye les violons de toute cette affaire; il m'en coûte sept mille écus par mois. Les Turcs sont plus arabes que les juifs.

On travaille, à Berlin, à votre palais; je commande à présent tout ce qu'il faut pour la salle, la galerie et l'ameublement des chambres; tout cela sera assurément achevé l'été prochain. J'ai ici notre neveu le Prince héréditaire, qui est aimable au possible. J'ai trouvé le moyen de rassembler une bande de bouffons, et je lui donne des opéras-comiques. Je souhaite, mon cher frère, d'apprendre bientôt de bonnes nouvelles de votre santé, vous priant de me croire avec une parfaite tendresse, etc.

178. AU MÊME.

Ce 21 (novembre 1763).



Mon cher frère,

J'ai précisément reçu la lettre que vous me laites le plaisir de m'écrire, en arrivant ici. J'ai vu tous les Turcs de Berlin, et je vous jure que leurs personnes ne répondent point au grand nom que s'est fait leur empire. Ce peuple tient du juif et du pandour; ils sont tous si intéressés, que l'effendi a proposé qu'on lui devait payer le dîner de cérémonie que je lui ai donné; ses subalternes sont intéressés à proportion; ils ont bu toute honte pour gueuser. Si vous aviez vu tous les beaux présents qu'ils m'ont faits, vous ne les envieriez pas : douze aunes de mousseline, douze aunes de drap d'or, douze aunes d'étoffe de soie, et ainsi du reste. Mais ce n'est pas des présents que je leur demande; une bonne alliance vaut mieux, et il y a toute