<387> entre eux. La faiblesse du ministère anglais penche pour la paix; mais si elle continue, elle sera si chevillée, qu'elle ne se maintiendra pas longtemps. Incertain si ma lettre vous trouvera encore à Pétersbourg, ou en chemin, j'ai adressé au comte Solms un résumé de la conduite de Choiseul qui a été présenté au Roi, qui ne l'a pas lu, qui l'a donné à Choiseul, qui s'en est fait des papillotes. Les faits sont vrais et bien détaillés, et pourront faire connaître le caractère et la façon d'agir de cet homme à Pétersbourg, où on le connaît bien pour un tracassier, mais non pas toutes ses intrigues et ses ruses, telles qu'elles sont détaillées dans cette pièce. Le plus grand chagrin qu'on pourrait faire à cet homme serait de faire imprimer ce factum et de le répandre dans le public.

Je vous embrasse, mon cher frère, bien cordialement, en vous assurant de la tendresse infinie et de tous les sentiments avec lesquels je suis, etc.

222. AU MÊME.

Le 30 novembre 1770.

Pour notre médiation, mon cher frère, j'y renonce de bon cœur, pourvu que l'ouvrage de la paix s'accélère. J'avoue que, vu les liaisons de la cour de Vienne avec celle de Versailles, je ne crois pas qu'on puisse compter qu'elle se mêle bien nettement de la médiation; elle voudra faire intervenir le crédit de la France, qui gâterait tout. Il vaut donc mieux, pour finir vite, que l'Impératrice négocie directement, comme elle se le propose; mon ministre à Constantinoplea


a Le major de Zegelin, nommé colonel le 30 mars 1776, à son retour de Constantinople, mort à Berlin le 8 février 1809. Voyez t. XIX, p. 221.