<393> et insoutenable pour toutes les puissances de l'Europe. Les États se dirigent par leurs propres intérêts; on peut avoir de la complaisance pour ses alliés, mais il y a des bornes à tout; ainsi, quoi qu'il puisse en résulter, il m'est impossible de dissimuler en ce moment, et il faut parler net. La cour de Vienne s'est déjà désistée de sa médiation, comme je vous l'ai écrit, parce qu'elle prend la première réponse de la Russie pour un refus; je la leur ai communiquée comme je l'avais reçue. Rohda ne m'a pas encore répondu sur le projet de pacification de la Pologne, contre lequel on ne trouvera rien à dire; mais pour ce projet-ci, je me garderai bien de le communiquer à Vienne, ni à Constantinople, parce qu'il serait équivalent à une déclaration de guerre. Ainsi, mon cher frère, si on ne change et modère pas beaucoup de choses, je renonce à toute médiation, et abandonne ces messieurs à leur propre fortune. Je suis bien fâché que cela tourne ainsi tandis que vous vous trouvez dans ce pays; mais, mon cher frère, il ne vous reste qu'à faire une retraite honnête, car il n'y a plus rien à faire ni même à espérer avec ces gens.
227. DU PRINCE HENRI.
Saint-Pétersbourg, 8 janvier 1771.
.... Après avoir achevé cette lettre, j'ai été le soir chez l'Impératrice, qui me disait en badinant que les Autrichiens s'étaient emparés en Pologne de deux starosties, et qu'ils avaient arboré sur les frontières de ces starosties les armes impériales. Elle ajouta : « Mais pour- »
a Jacques-Frédéric de Rohd, né dans la province de Prusse, et envoyé extraordinaire à la cour de Vienne de 1763 à 1771.