« <394>quoi tout le monde ne prendrait-il pas aussi? » Je répliquai que, quoique vous aviez, mon très-cher frère, un cordon tiré en Pologne, cependant vous n'aviez pas occupé de starosties. « Mais, dit l'Impératrice en riant, pourquoi n'en pas occuper? » Un moment après, le comte Czernichew m'approcha, et me parla sur le même sujet, en ajoutant : « Mais pourquoi ne pas s'emparer de l'évêché de Varmie? Car il faut, après tout, que chacun ait quelque chose. » Quoique cela n'était qu'un discours de plaisanterie, il est certain que cela n'était pas pour rien, et je ne doute pas qu'il sera très-possible que vous profitiez de cette occasion. Demain le comte Panin viendra chez moi. Je lui dirai ce que vous m'avez écrit au sujet des Autrichiens, et par la poste prochaine je vous rendrai compte de notre conversation.
228. DU MÊME.
Saint-Pétersbourg, 11 janvier 1771.
Je dois vous rendre compte, mon très-cher frère, de la conversation que j'ai eue avec le comte Panin au sujet de la cour de Vienne. Je lui disais que vous m'avez fait l'honneur de m'écrire comme quoi cette cour était trop intimement liée à la France pour qu'on puisse croire qu'elle s'en détache. Il me répliqua qu'il en était convaincu, mais que si cette cour désirait sincèrement la paix, comme son intérêt l'y obligeait, il espérait que lorsque les vraies intentions de la cour de Russie lui seraient connues, elle s'y emploierait officieusement, et que peut-être on pourrait alors insensiblement l'engager à prendre d'autres vues. Ce qui est certain, c'est qu'on ne veut de la cour de Vienne que par votre entremise, et autant on serait bien