<405> bien aise, d'autant plus que cela ne gâtera rien aux affaires, quoique je ne puisse jamais m'imaginer que, après avoir appris l'arrivée de cette nouvelle armée russe en Pologne, la cour de Vienne voulût s'exposer aux plus grands hasards en rompant avec la Russie. L'honneur des événements que nous prévoyons vous sera dû, mon cher frère, également; car c'est vous qui avez placé le premier la pierre angulaire de cet édifice, et sans vous, je n'aurais pas cru pouvoir former de tels projets, ne sachant pas bien, avant votre voyage de Pétersbourg, dans quelles dispositions cette cour se trouvait en ma faveur. Enfin, jusqu'ici les conjonctures nous ont favorisés, et si cela continue jusqu'à la conclusion de la paix, nous réussirons entièrement au gré de nos désirs.

237. AU MÊME.

Le 9 avril 1772.



Mon cher frère,

A présent, mon cher frère, le gros de notre ouvrage est fait; il n'est plus question que de voir les propositions des Autrichiens pour leur part, car ils ont si fort tergiversé dans leurs projets, qu'il est impossible de deviner à quoi ils ont résolu de s'arrêter. Je crois cependant que pour ne pas entièrement révolter leurs alliés, ils se contenteront de prendre leur portion de la Pologne, et cela, mon cher frère, réunira les trois religions grecque, catholique et calviniste; car nous communierons du même corps eucharistique, qui est la Pologne, et si ce n'est pas pour le bien de nos âmes, cela sera sûrement un grand objet pour le bien de nos États. Un objet non moins important dans notre position actuelle, c'est les grains que je trouve encore à acheter